Hier soir, je repiquais les pousses de gourdes pèlerines (Xiaohulu) que j'avais fait germer sur le rebord de la fenêtre, et ce matin je montrais à Patafix le léger dispositif anti-chevreuil que j'ai érigé. En effet, Grand'saucisse et ses acolytes, comme me l'a rappelé ma voisine Mademoiselle J., aiment agrémenter leur ordinaire de jeunes pousses exotiques non endogènes au Plateau de Malzingouette. Les arbrisseaux plantés de l'année par Mademoiselle J. en sont témoins. Bref, Patafix! inspectait avec réprobation mon annexion sauvage, unilatérale et impromptue de son espace personnel de soins de peau par frottouillage à sec, quand...
... quand, disions-nous, depuis le pré du voisin Nord qu'elle venait d'investir, elle aperçu Léo-l'élégant venant à sa rencontre. Il avait l'air grave et Fifille se hâta d'aller le rejoindre.
La discussion sembla durer une éternité. Selon des indiscrétions, Léo commença poliment par demander à Fifille si son voyage à Londres et le mariage princier s'étaient bien passés, et si les conseils de maintien qu'il lui avait prodigués s'étaient avérés utiles. Mais rapidement, Léo aborda le sujet de son enquête auprès du voisinage : la pénurie de mulots. Patafix! se mit à chougner qu'elle n'avait croisé nuitamment que trois spécimens depuis la Noël — qu'elle avait occis selon les règles et conformément à la déontologie de son métier de chat —, et qu'elle était fort inquiète de la tournure des choses, qu'elle se demandait si les mulots avaient déserté Dommartemuche pour toujours, et s'il fallait se préparer à émigrer pour un pays de cocagne éloigné, où gambaderaient gaiement mille mulots bien peignés. Léo l'assura qu'il l'a mettrait au courant des résultats de son enquête et s'en fut, après quelques politesses d'usage.
Fifille le suivit à mi-distance jusqu'à ce qu'il atteigne le seuil du jardin où le Chambellan nouvellement élu des Matous-Roux, fort soucieux mais consciencieux, marqua une longue pause, probablement nécessaire à la compilation des nouvelles données enregistrées.
Cette affaire n'a pas fini de nous enquiquiner, semble-t-il.
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